Caserne De La Benauge
Bordeaux, France
Contenu du projetDescription du projet
La Reconversion du site de la Caserne de la Benauge, inscrite au titre des Monuments Historiques permet la restitution de l’œuvre originale de Claude Ferret, témoin emblématique du Mouvement Moderne. La Caserne deviendra un nouveau lieu structurant accessible au public. Un lieu hybride largement ouvert sur la ville, où se mêlera culture, gastronomie, hôtellerie et lieu de vie.
En 1954, Claude Ferret, accompagné d’Adrien Courtois et Yves Salier livre la première phase de la construction de la Caserne des pompiers de la Benauge. Elle comprend les Garages, 40 appartements pour les pompiers et leurs famille, une Aile Administrative, et de la Tour de séchage avec son préau donnant sur la cour de service. En 1963, Claude Ferret livrera la seconde phase comprenant 26 logements complémentaires situés dans un bâtiment en R+1 épousant le tracé en arc de la nouvelle rue de la Benauge.
Située sur la rive droite de la Garonne, au débouché du pont de pierre, la Caserne de la Benauge s’implante le long de la rive droite de la Garonne, sur le site stratégique de l’ancienne Gare d’Orléans.
Face à la ville de pierre, la Caserne incarne la volonté de renouveau d’après-guerre que Jaques Chaban Delmas, maire de Bordeaux et héro de la résistance veut adopter, et la soif de modernité de ces jeunes architectes des années 50.
Aujourd’hui, la caserne de la Benauge est un objet iconique du paysage urbain bordelais. Le caractère unique de son architecture relève de l’intégration des principes du Mouvement Moderne, dont elle est un des rares témoins bordelais avec la Salle des Fêtes du Grand Parc également signé par Claude Ferret et la Cité Frugès de Le Corbusier.
La Caserne de la Benauge est un modèle français d’architecture fonctionnaliste, mettant en œuvre les principes architecturaux de l’École du Bauhaus. La forme et la composition de l’ensemble des bâtiments qui la compose répondent directement à sa fonction et à la cohabitation entre lieu de travail pour les pompiers, et lieu de vie pour leur famille.
Elle est composée de 4 entités fonctionnelles correspondant chacune à un volume:
- Les Garages,
- L’Aile Administrative,
- Les logements,
- La Tour d’entraînement et de séchage des tuyaux.
Les 4 entités sont reliées entre elles par un système de communications verticales et horizontales dont la fluidité et l’efficacité constitue un élément central du projet.
Ce système se compose de 4 escaliers hélicoïdaux s’enroulant chacun autour d’un ascenseur reliant les 5 niveaux de logements, et arrivant au R+1 sur une grande coursive à l’aire libre desservant les garages et l’aile administrative.
Les pompiers peuvent ainsi descendre directement de leur appartement à leur camion en utilisant les « mâts » situés au droit des 4 grandes circulations verticales. L’organisations des fluxs des véhicules respecte une « marche en avant » : retour d’intervention par le porche situé rue de la Benauge, nettoyage des véhicules dans la cour de service avec séchage des tuyaux dans la tour, puis passage sous les 4 cages d’escalier en lévitation pour garer les camions dans les garages prêt à repartir.
Bien que l’on sente beaucoup plus dans l’œuvre de Claude Ferret, l’influence de l’école brésilienne d’Oscar Niemeyer que celle de Le Corbusier, la conception structurelle de la Caserne avec son système poteaux-poutres intègre les 5 points de l’architecture moderne de ce dernier.
Le bâtiment de logement faisant face à la Garonne est composés de 5 niveaux, surmonté d’un toit terrasse. Il est posé sur de hauts pilotis en lévitation au-dessus des niveaux RDC et R+1 qui accueillent les Garages et l’aile administrative.
Le système poteaux-poutres permet la conception d’un plan libre sans aucune cloison porteuse, ainsi que de façades libres dont la façade iconique sur la Garonne, dont il ne reste malheureusement plus rien aujourd’hui.
Cette façade est composée de portes en acier à double vantail donnant accès aux balcons filants, et de panneaux verticaux en aluminium strié préfabriqués « rouge corsaire » comprenant des hublots ou des fenêtres de toit avec volets à guillotine inversée coulissant de manière invisible à l’intérieur de l’allège légèrement convexe de chaque panneau.
La façade du Garage s’ouvre en quasi-totalité vers le quai Deschamps et la cour de service par des portes monumentales 2 vantaux sur pivot de 5m de largeur. Elle sont constituées d’une structure acier avec tôle striée incorporant des hublots côté Garonne, et tôle ondulée côté Cour.
Au centre de la cour de service, la Tour de Séchage de 32m de hauteur est un repère dans le grand paysage bordelais. En plus du vide permettant de faire sécher les tuyaux, elle comprend 7 paliers d’entrainement relié par des escaliers, ainsi qu’un préau couvert à ses pieds pour la préparation physique des pompiers.
Comme à Royan, la Caserne de la Benauge expérimente aussi un thème cher à Claude Ferret et aux architectes du Mouvement Moderne : la polychromie.
La Caserne développe un équilibre subtil entre le blanc, majoritaire, celui du béton et de la maçonnerie peinte, et deux autres couleurs : le « Rouge Corsaire » que l’on retrouve sur les façades métalliques sur Garonne et sur la rue de la Benauge, ainsi que par petites touches à l’intérieur des modénatures rondes en béton et en sous-face de tous les paliers de la Tour de séchage, et le Jaune, appliqué sur les menuiseries et les volets roulants télescopiques bois et des façades sur rue et Cour de Service.
Malheureusement, au fil du temps l’œuvre d’origine des architectes est significativement altérée avec, entre autre, le remplacement de toute la façade Garonne, et la suppression de la lévitation des 4 circulations verticales de la façade cour. En 2014, après des années de lutte pour ne pas qu’elle soit démolie, la Caserne de la Benauge est inscrite au titre des monuments historiques. Peu après, malgré le très fort attachement des pompiers à cette Caserne, le SDIS entérine son départ, ce qui marque le démarrage de notre travail pour trouver à ce bâtiment emblématique une nouvelle vie.
Nous imaginons alors la création d’un lieu hybride largement ouvert sur la ville, où se mêlera culture, gastronomie, hôtellerie et lieu de vie.
Les anciens garages seront transformés en espace culturel ouvert au public permettant d’accueillir différentes pratiques artistiques.
La reconstruction des portes monumentales à hublots « rouge corsaire » permettrons une large ouverture sur la ville côté quai ainsi que sur l’ancienne cour de service transformée en jardin.
Au cœur du nouveau Parc paysager, l’iconique Tour de séchage, avec à ses pieds son ancien gymnase, offrira un grand espace culturel polyvalent ouvert au public.
L’aile administrative des pompierssera préservée et transformée en centre de séminaire. La réhabilitation de l’ancienne salle de conférence permettra de retrouver les pavés de verre, le design des luminaires d’origine, et la paroi courbe en tôle ondulée soulignant la voute intérieure.
Le bâtiment de logement sur Garonne qui accueillait les 40 logements des pompiers est réhabilité pour accueillir 95 chambre d’hôtel donnant toute vers le fleuve. Le plan libre de la Caserne permet l’organisation du nouveau découpage intérieur selon le calepinage de la façade d’origine qui sera entièrement reconstituée. Les bordelais redécouvriront ses panneaux à hublots en aluminium rouge et ses volets télescopiques jaune.
Au dernier étage, sous la casquette légèrement réhaussée, nous intégrons un restaurant donnant sur le toit terrasse et offrant une vue panoramique vers le port de la lune et la ville de pierre.
Les 20 anciens appartements des pompiers de la rue de la Benauge sont réhabilités et destinés à du logement privatif. L’ensemble de la façades et des intérieurs seront réhabilités dans le respect de l’œuvre d’origine. Un jardin partagé linéaire permettra la desserte de chacun des 5 groupes d’appartement depuis le cœur d’îlot.
En limite Sud-Ouest du site, nous implantons un nouveau bâtiment qui comprendra 77 logements. Son implantation en L en lisière du site offre la respiration nécessaire à sa bonne intégration vis-à-vis de la Caserne. Elle garde la mémoire du tracé du parcellaire du site et de l’intériorité de l‘ancienne cour de service. Le bâtiment présente une trame répétitive en béton blanc de 5.60m de largeur par 8m de hauteur, posé sur un socle percé d’arches asymétriques. La lecture de cette trame saillante en façade, soulignée par des jardinières filantes, relie les niveaux deux par deux. Elle brouille la perception du nombre d’étage, et élance le bâtiment.
Les façades en béton gris matricé sont positionnées plus ou moins en retrait de la trame saillante selon si elles intègrent ou pas les espaces extérieurs des logements. Elles créent un second plan dont la matrice ronde tisse un lien avec l’écriture des hublots et des modénatures de la Tour de séchage. Entre chaque trame, ce second plan intègre une grande menuiserie de manière systématique. Au droit des séjours, les balcons des l’étages intermédiaires s’alignent aux menuiseries pour ne pas rompre la double hauteur des trames.
Ces menuiseries, ainsi que les sous-faces des balcons et leur garde-corps sont colorés. Deux tons de bleu et le jaune de la Caserne évoquent ainsi de manière subtile la polychromie expérimentée par Claude Ferret et les architectes du Mouvement Moderne.
L’écriture architecturale du nouveau bâtiment fait ainsi écho à celle de la Caserne, tout en assumant sa propre écriture contemporaine.
Enfin, la re naturalisation de l’ancienne cour de service des pompiers permet la création d’un grand jardin qui constituera un nouvel îlot de fraîcheur pour tout le quartier Bastide. Depuis le quai Deschamp, un cheminement traversant ce jardin reliera la rue de la Benauge en passant sous le porche de l’ancienne entrée des camions des pompiers.
Cette traversée offrira un cadrage sur la Tour de séchage, et permettra la découverte et la mise en valeur de l’intériorité de la Caserne de la Benauge, peu connu du grand public.
Informations sur le projet
Maîtrise d’ouvrage
EPA Euratlantique / Ville de Bordeaux / Eiffage Immobilier
Programme
Lieu Culturel polyvalent dédié aux Arts de la scène
Centre de Séminaire avec salle de conférence
Hôtel de 95 chambres, avec Restaurant et Rooftop
Habitation (26 logements réhabilités et 77 neufs)
Parc de stationnement
Parc Paysager de 4705m2
Surface
Bâtiments MH réhabilités : 6670 m²
Bâtiments neufs : 6166 m²
Espaces extérieurs : 8467m²
Coût des travaux
28 000 000 € HT
Statut
Études en cours
Livraison 2028
Qualité environnementale
Décret tertiaire 2050 pour les bâtiments MH réhabilités
RE 2020 pour les bâtiments neuf
Certification NF HABITAT HQE 9 ETOILES pour les logements